[Mémoires]Le récit d'un voyage
- thorgil
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Allez,on découvre le dernier personnage et après on fait avancer l'histoire!
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| Banque analytique des mémoires militaires|
Mémoire analysée: Morimm Yagg
Grade: Capitaine-Pilote Support: analyse mémorielle
Clone actuel: Grade Epsilon et émotionnelle.
L'engramme qui suit est confidentiel. Seul Morimm Yagg ou l'un de ses supérieurs peut y accéder.
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Debut de l'enregistrement
Le saut est bientôt terminé, et mon manticore se met à trembler. Je ressens ces secousses dans chaque fibre de mes muscles, et je peux analyser l’impact minime des débris qui viennent s’écraser à pleine vitesse contre mon bouclier.
Mon nom est Morimm, mais il ne signifie rien. Actuellement, mon corps, est en suspension dans un œuf d’acier rempli d’un liquide qui le nourrit et lui permet de respirer.
Mon esprit, lui, est incarné dans ce monde sous la forme d’un manticore. Ses antennes sont mes oreilles, ses moteurs sont mes jambes. Mon cerveau, assisté de plusieurs implants, est capable de gérer un nombre infini de variables.
Une voix féminine m’annonce que le saut est terminé; et je comprends immédiatement que quelque chose ne va pas. Chaque signal que je perçois est terriblement déformé par une onde de fond, et je suis incapable de détecter la moindre présence autour de moi.
Une voix raisonne dans ma tête :
« Hammer one à Scout One, je demande votre rapport ».
C’est la voix du commandant de la flotte. Le colonel Henrr.
«Scout one à Hammer One, anomalie détectée. Stand by. »
Je lâche deux balises, qui vont en quelques secondes se positionner dans deux endroits précis du système solaire afin de trianguler la source du signal.
13.322 Km. C’est juste à côté. Je décide de faire quelque chose que je n’ai pas fait depuis longtemps, et mes yeux deviennent les caméras fixées sur la coque du vaisseau.
Regarder l’immensité de l’espace me trouble l’esprit, et m’empêche de me concentrer. Il est plus rationnel d’analyser les signaux que les objets stellaires envoient et de se faire une propre idée de cette immensité.
Et pourtant, ce phénomène incroyable qui semble compresser l’espace jusqu'à le déchirer vaut le coup d’œil. Un trou de ver
« Hammer One, Wormhole détecté a 8.8^-5 UA. Contact allié : 5 croiseurs postés à son entrée »
La réponse mis beaucoup de temps à arriver. Les wormholes sont rares, et beaucoup de rumeurs inquiétantes les entourent.
« Pouvez-vous communiquer avec les vaisseaux alliés ?
- Négatif, ils sont trop prêts du tunnel.
-Peu importe, nous arrivons dans sept minutes. »
Je réessaye de contacter mes alliés, mais sans succès. Sept minutes à attendre. Je lance plusieurs diagnostics, désactive mon champ de camouflage et me met à contempler le phénomène.
Note sur le phénomène : Il semblerait que les trous de ver ne sont pas des phénomènes stables. La surface même de l’évènement a tendance à varier, s’étirant et se contractant plusieurs fois par minute. Je pense qu’il attire également tout objet à une certaine distance, car les quatres chasseurs qui gardent l’entrée ont leurs moteurs allumés, sans se déplacer. L’ensemble de l’évènement de l’évènement émet de la lumière qui…
Quelque chose se passe. Le trou s’élargis, comme si quelqu’un le tirait de part et d’autre avec une force monumentale. Je ne comprends…
Deux des alliés viennent d’être détruit. La visibilité est maintenant nulle, et je ne détecte toujours rien.
« Scout one, nous arrivons dans quinze seconde. Comparez votre position à nos trajectoires. »
Je n’écoute même pas. Une nuée de drone vient d’apparaitre, suivi d’un immense vaisseau d’un type inconnu. La distance ne me permet de voir qu’un seul détail : des centaines de bras mécaniques ressemblant à des tentacules s’agitent tout autour de sa structure.
Les drones ont détecté ma présence, et mes alliés sont arrivés. Le Raven du commandant Henrr est à moins de deux kilomètres de moi.
Je m’élance en direction des drones, et prépare l’unique bombe que j’ai à bord. Mise à feu dans une minute.
Une terrible sensation m’envahis, comme l’impression qu’un crochet m’attrape le ventre d’un corps que je n’ai pas l’habitude de sentir. Les habitants des lunes appellent ça une poussée d’adrénaline, reflexe primaire face au danger et a l’urgence qui n’a pas su disparaitre avec l’évolution ou être corrigé lors de la création des clones.
Je tente d’oublier cette sensation désagréable, me concentre et tire. La bombe vole pendant quelques secondes, avant d’exploser en plein milieu de la nuée de drones. Je fais immédiatement demi-tour, sans même savoir si ma manœuvre a fonctionné. Ce dont je suis désormais sur, c’est que ces drones n’appartiennent à aucune race connue.
Et, quelques secondes plus tard, je me rends aussi compte qu’ils sont résistants face aux bombes. Je n’ai détruit que la moitié de la nuée, et l’autre me prend en chasse.
La flotte est sous le tir du vaisseau-mère inconnu. Des centaines de missiles sont tirés sans interruption, et volent les quelques milliers de kilomètres qui les séparent de leurs cible. Cinq vaisseaux, dont un Drake et un Scorpion résistent quelques secondes avant d'exploser.
L'effet de surprise est total, et la flotte est incapable de se défendre. La portée de nos armes est cent fois inférieure à la leurs.
Nous ne pouvons rien faire.
Un impact contre mes moteurs me fait hurler de douleur, et je désactive immédiatement la simulation sensorielle. Mon bouclier a été évaporé et mon armure et complètement éventrée. Ces drones font du bon travail.
« Hammer, je demande une autorisation d’atterrir d’urgence sur l’un de vos hangars. »
Pas de réponse. Un second tir me rate de peu, et mon moteur droit prends feu.
« Hammer, si vous m’entendez, je vais effectuer un atterrissage d’urgence sur le pont 4. Faites le évacuer d’urgence. »
Je vais bien trop vite. Mon manticore va s’écraser contre ce pont, mais je n’ai pas le choix.
Impact dans 5 secondes. J’essaye d’ouvrir mes vrais yeux pour échapper au spectacle. Sans succès.
« Danger détecté. Télétransmission de la mémoire terminée. »
Fin de l’engramme. ----------------------------------------------
Je sens de la chaleur autour de moi. Je sens mes jambes, et mes mains.
Et je sens ces cables, qui sortent de mon crane et pendent le long de ma nuque.
Vous en pensez quoi ? J'suis ouvert a toute critique, c'est toujours constructif!
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Mémoire analysée: Morimm Yagg
Grade: Capitaine-Pilote Support: analyse mémorielle
Clone actuel: Grade Epsilon et émotionnelle.
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Le saut est bientôt terminé, et mon manticore se met à trembler. Je ressens ces secousses dans chaque fibre de mes muscles, et je peux analyser l’impact minime des débris qui viennent s’écraser à pleine vitesse contre mon bouclier.
Mon nom est Morimm, mais il ne signifie rien. Actuellement, mon corps, est en suspension dans un œuf d’acier rempli d’un liquide qui le nourrit et lui permet de respirer.
Mon esprit, lui, est incarné dans ce monde sous la forme d’un manticore. Ses antennes sont mes oreilles, ses moteurs sont mes jambes. Mon cerveau, assisté de plusieurs implants, est capable de gérer un nombre infini de variables.
Une voix féminine m’annonce que le saut est terminé; et je comprends immédiatement que quelque chose ne va pas. Chaque signal que je perçois est terriblement déformé par une onde de fond, et je suis incapable de détecter la moindre présence autour de moi.
Une voix raisonne dans ma tête :
« Hammer one à Scout One, je demande votre rapport ».
C’est la voix du commandant de la flotte. Le colonel Henrr.
«Scout one à Hammer One, anomalie détectée. Stand by. »
Je lâche deux balises, qui vont en quelques secondes se positionner dans deux endroits précis du système solaire afin de trianguler la source du signal.
13.322 Km. C’est juste à côté. Je décide de faire quelque chose que je n’ai pas fait depuis longtemps, et mes yeux deviennent les caméras fixées sur la coque du vaisseau.
Regarder l’immensité de l’espace me trouble l’esprit, et m’empêche de me concentrer. Il est plus rationnel d’analyser les signaux que les objets stellaires envoient et de se faire une propre idée de cette immensité.
Et pourtant, ce phénomène incroyable qui semble compresser l’espace jusqu'à le déchirer vaut le coup d’œil. Un trou de ver
« Hammer One, Wormhole détecté a 8.8^-5 UA. Contact allié : 5 croiseurs postés à son entrée »
La réponse mis beaucoup de temps à arriver. Les wormholes sont rares, et beaucoup de rumeurs inquiétantes les entourent.
« Pouvez-vous communiquer avec les vaisseaux alliés ?
- Négatif, ils sont trop prêts du tunnel.
-Peu importe, nous arrivons dans sept minutes. »
Je réessaye de contacter mes alliés, mais sans succès. Sept minutes à attendre. Je lance plusieurs diagnostics, désactive mon champ de camouflage et me met à contempler le phénomène.
Note sur le phénomène : Il semblerait que les trous de ver ne sont pas des phénomènes stables. La surface même de l’évènement a tendance à varier, s’étirant et se contractant plusieurs fois par minute. Je pense qu’il attire également tout objet à une certaine distance, car les quatres chasseurs qui gardent l’entrée ont leurs moteurs allumés, sans se déplacer. L’ensemble de l’évènement de l’évènement émet de la lumière qui…
Quelque chose se passe. Le trou s’élargis, comme si quelqu’un le tirait de part et d’autre avec une force monumentale. Je ne comprends…
Deux des alliés viennent d’être détruit. La visibilité est maintenant nulle, et je ne détecte toujours rien.
« Scout one, nous arrivons dans quinze seconde. Comparez votre position à nos trajectoires. »
Je n’écoute même pas. Une nuée de drone vient d’apparaitre, suivi d’un immense vaisseau d’un type inconnu. La distance ne me permet de voir qu’un seul détail : des centaines de bras mécaniques ressemblant à des tentacules s’agitent tout autour de sa structure.
Les drones ont détecté ma présence, et mes alliés sont arrivés. Le Raven du commandant Henrr est à moins de deux kilomètres de moi.
Je m’élance en direction des drones, et prépare l’unique bombe que j’ai à bord. Mise à feu dans une minute.
Une terrible sensation m’envahis, comme l’impression qu’un crochet m’attrape le ventre d’un corps que je n’ai pas l’habitude de sentir. Les habitants des lunes appellent ça une poussée d’adrénaline, reflexe primaire face au danger et a l’urgence qui n’a pas su disparaitre avec l’évolution ou être corrigé lors de la création des clones.
Je tente d’oublier cette sensation désagréable, me concentre et tire. La bombe vole pendant quelques secondes, avant d’exploser en plein milieu de la nuée de drones. Je fais immédiatement demi-tour, sans même savoir si ma manœuvre a fonctionné. Ce dont je suis désormais sur, c’est que ces drones n’appartiennent à aucune race connue.
Et, quelques secondes plus tard, je me rends aussi compte qu’ils sont résistants face aux bombes. Je n’ai détruit que la moitié de la nuée, et l’autre me prend en chasse.
La flotte est sous le tir du vaisseau-mère inconnu. Des centaines de missiles sont tirés sans interruption, et volent les quelques milliers de kilomètres qui les séparent de leurs cible. Cinq vaisseaux, dont un Drake et un Scorpion résistent quelques secondes avant d'exploser.
L'effet de surprise est total, et la flotte est incapable de se défendre. La portée de nos armes est cent fois inférieure à la leurs.
Nous ne pouvons rien faire.
Un impact contre mes moteurs me fait hurler de douleur, et je désactive immédiatement la simulation sensorielle. Mon bouclier a été évaporé et mon armure et complètement éventrée. Ces drones font du bon travail.
« Hammer, je demande une autorisation d’atterrir d’urgence sur l’un de vos hangars. »
Pas de réponse. Un second tir me rate de peu, et mon moteur droit prends feu.
« Hammer, si vous m’entendez, je vais effectuer un atterrissage d’urgence sur le pont 4. Faites le évacuer d’urgence. »
Je vais bien trop vite. Mon manticore va s’écraser contre ce pont, mais je n’ai pas le choix.
Impact dans 5 secondes. J’essaye d’ouvrir mes vrais yeux pour échapper au spectacle. Sans succès.
« Danger détecté. Télétransmission de la mémoire terminée. »
Fin de l’engramme. ----------------------------------------------
Je sens de la chaleur autour de moi. Je sens mes jambes, et mes mains.
Et je sens ces cables, qui sortent de mon crane et pendent le long de ma nuque.
Vous en pensez quoi ? J'suis ouvert a toute critique, c'est toujours constructif!
Dernière modification par thorgil le 17 juin 2011, 16:08, modifié 1 fois.
Thorgil / Astamarr
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J’essaye de comprimer mon foie pour soulager mon point de coté, sans succès. Il y a dix minutes, quelque chose à commencé à nous attaquer. Quelque chose contre lequel on ne fait pas le poids.
J’ignore combien de temps la structure va tenir, et j’accélère encore, oubliant la nausée et les étourdissements provoqués par le manque d’air. Il reste quelqu’un à sauver.
L’ambiance sur le pont est glaciale. Tous les officiers de commandement sont comme figés, le regard fixé sur les rapports d’avaries qui ne laissent aucun doute sur l’issue de la bataille. Au milieu d’eux, le commandant est appuyé contre une console. Je décide de prendre quelques secondes pour reprendre mon souffle, et j’observe son visage. Les yeux mi-clos, et les lèvres qui s’entrouvrent doucement, comme pour prononcer une prière sourde.
Une boule me noue la gorge, et un sentiment de tristesse infini m’envahie l’espace d’une seconde. Je ne me suis jamais bien entendue avec mon père, mais le voir se préparer à mourir est au dessus de mes forces.
Je m’approche de lui, et mon regard croise le sien.
« Karah, qu’est ce que tu fais encore ici ? », dit-il d’une voix rauque, avant de se reprendre et de rajouter un exaspérant « Ne t’inquiète pas, tout se passeras bien. »
J’essaye de lui répondre avec un ton froid, mais l’émotion m’empêche d’articuler correctement.
« Commandant… Papa, j’ai un plan. Dépêche toi de me suivre, et on aura tout les deux une chance de s’en sortir. »
Une nouvelle salve de missile percute la coque de l’appareil, comme pour souligner l’urgence de mes paroles. Plusieurs écrans explosent en une gerbe d’étincelle, et la grande baie vitrée du pont se fissure un peu plus.
« Allons-y », dit il. « Et j’espère que ton idée ne me décevras pas ».
Je sers les dents, et me contente de courir. L’arrogance vient avec le grade.
L’air se fait de plus en plus rare, et on peut déjà croiser dans certaines zones des membres de l’équipage pliés de rire, délirants à cause de la sous-oxygénation. J’espère qu’ils profitent de leur fin hilarante.
Dans ce genre de situation, le temps semble ralenti. Chaque couloir à traverser est un enfer de métal déformé, de flammes basses léchant lentement les câbles électriques et de portes verrouillées à cause des multiples dépressurisations. La course dure moins de cinq minutes, et lorsque j’aperçois la porte du hangar, je pousse un hurlement de joie suraigu.
A peine rentrée, le mécanicien que j’ai tiré des vestiaires vient vers moi.
« La navette est chargée, armée, et prête à ... », dit-il avant de tourner son regard vers mon père et de se taire.
« Dans ce cas, allons-y. Passez devant, je vous suis. »
La navette est installée dans le rack d’expulsion d’urgence le plus proche. Le trou d’obus reste clairement visible, mais la coque devrait tenir bon.
Une autre salve de missile. Une explosion quelques niveaux en dessous, et la lumière s’éteint définitivement.
Le mécanicien me briefe rapidement sur la navette. L’infrastructure est Caldari, mais il est clair que ce modèle est obsolète depuis des années. L’armement se limite à une tourelle manuelle et aux contre-mesures. Le tout mesure 30 mètres de diagonale, pour un poids de 15 tonnes.
« Si vous voulez un conseil, ne vous fiez pas aux instruments de navigation. Je n’ai pas pris le temps de les vérifier. »
Je lui réponds un bref signe de tête, et ouvre la porte d’accès du vaisseau.
Une femme et deux hommes me fixent, assis aux différents postes du vaisseau.
L’un d’entre eux, enveloppé dans un drapeau, est entrain de tirer un câble qui sors de l’arrière de son crane.
Je ne m'attendais pas à avoir plus de trois passagers. Peu importe. Il est temps de partir.
J’ignore combien de temps la structure va tenir, et j’accélère encore, oubliant la nausée et les étourdissements provoqués par le manque d’air. Il reste quelqu’un à sauver.
L’ambiance sur le pont est glaciale. Tous les officiers de commandement sont comme figés, le regard fixé sur les rapports d’avaries qui ne laissent aucun doute sur l’issue de la bataille. Au milieu d’eux, le commandant est appuyé contre une console. Je décide de prendre quelques secondes pour reprendre mon souffle, et j’observe son visage. Les yeux mi-clos, et les lèvres qui s’entrouvrent doucement, comme pour prononcer une prière sourde.
Une boule me noue la gorge, et un sentiment de tristesse infini m’envahie l’espace d’une seconde. Je ne me suis jamais bien entendue avec mon père, mais le voir se préparer à mourir est au dessus de mes forces.
Je m’approche de lui, et mon regard croise le sien.
« Karah, qu’est ce que tu fais encore ici ? », dit-il d’une voix rauque, avant de se reprendre et de rajouter un exaspérant « Ne t’inquiète pas, tout se passeras bien. »
J’essaye de lui répondre avec un ton froid, mais l’émotion m’empêche d’articuler correctement.
« Commandant… Papa, j’ai un plan. Dépêche toi de me suivre, et on aura tout les deux une chance de s’en sortir. »
Une nouvelle salve de missile percute la coque de l’appareil, comme pour souligner l’urgence de mes paroles. Plusieurs écrans explosent en une gerbe d’étincelle, et la grande baie vitrée du pont se fissure un peu plus.
« Allons-y », dit il. « Et j’espère que ton idée ne me décevras pas ».
Je sers les dents, et me contente de courir. L’arrogance vient avec le grade.
L’air se fait de plus en plus rare, et on peut déjà croiser dans certaines zones des membres de l’équipage pliés de rire, délirants à cause de la sous-oxygénation. J’espère qu’ils profitent de leur fin hilarante.
Dans ce genre de situation, le temps semble ralenti. Chaque couloir à traverser est un enfer de métal déformé, de flammes basses léchant lentement les câbles électriques et de portes verrouillées à cause des multiples dépressurisations. La course dure moins de cinq minutes, et lorsque j’aperçois la porte du hangar, je pousse un hurlement de joie suraigu.
A peine rentrée, le mécanicien que j’ai tiré des vestiaires vient vers moi.
« La navette est chargée, armée, et prête à ... », dit-il avant de tourner son regard vers mon père et de se taire.
« Dans ce cas, allons-y. Passez devant, je vous suis. »
La navette est installée dans le rack d’expulsion d’urgence le plus proche. Le trou d’obus reste clairement visible, mais la coque devrait tenir bon.
Une autre salve de missile. Une explosion quelques niveaux en dessous, et la lumière s’éteint définitivement.
Le mécanicien me briefe rapidement sur la navette. L’infrastructure est Caldari, mais il est clair que ce modèle est obsolète depuis des années. L’armement se limite à une tourelle manuelle et aux contre-mesures. Le tout mesure 30 mètres de diagonale, pour un poids de 15 tonnes.
« Si vous voulez un conseil, ne vous fiez pas aux instruments de navigation. Je n’ai pas pris le temps de les vérifier. »
Je lui réponds un bref signe de tête, et ouvre la porte d’accès du vaisseau.
Une femme et deux hommes me fixent, assis aux différents postes du vaisseau.
L’un d’entre eux, enveloppé dans un drapeau, est entrain de tirer un câble qui sors de l’arrière de son crane.
Je ne m'attendais pas à avoir plus de trois passagers. Peu importe. Il est temps de partir.
Thorgil / Astamarr
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Re: [recit]Les mémoires d'un voyage
Damned !!! il n'y a pas de suite ?!?
Ce premier chapitre fut excellent !
Ce premier chapitre fut excellent !
- Bip Marcel
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Re: [recit]Les mémoires d'un voyage
encore !!!
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Re: [recit]Les mémoires d'un voyage
(Bon, j'ai pas écris quoi que ce soit depuis un an et j'avais quasiment oublié le début de cette histoire, donc soyez indulgents . Je fais pas avancer grand chose, mais c'est surtout pour me remettre dans le bain. hésitez pas a me donner des retours et des conseils )
« Attention.
- Les secteurs 1, 2 et 3 subissent une décompression de niveau IV. Les chances de survie sont de 2.38%. Merci d’emprunter les accès d’urgence.»
La voix de l’ordinateur de bord du vaisseau, d’ordinaire cristalline, venait régulièrement briser le silence morbide qui s’était imposé à bord du mastodonte qui partait peu à peu en fumée.
La navette, qui constituait notre seule chance de salut à moi et à mes compagnons d’infortune, était toujours immobilisée dans le rack de lancement principal du hangar d’ordinaire réservé aux visiteurs diplomatiques. Deux statues dorées à l’effigie du héros Caldari Tovil-Toba vacillaient et menaçaient d’écraser notre embarcation sommaire.
Quelques dizaines de mètres devant nous, l’immense sas blindé par un alliage de fer et d’acier nous empêchait de lancer l’expulsion d’urgence.
« Attention.
Détection de perturbations catastrophiques à la surface du noyau de distorsion. Une équipe de maintenance est attendue d’urgence sur le pont 17. »
A cet instant, je fus pris d’un terrible haut le cœur qui me força à m’asseoir à même le sol.
Ce n’était pas tant à cause du grand homme qui marmonnait d'une voix métallique le nombre de décès en temps réel, et qui tentait de serrer de toute ses forces l’énorme câble qui paraissait soudé à l’intérieur même de son crane, sous peine de laisser s'échapper de petites gerbes de sang et de liquide céphalo-rachidien à chaque faiblesse de son poignet .
Ce n’est pas non plus à cause de ce brave Hivr, qui à apparemment réussi à survivre malgré la fine tige de métal qui s’est enfoncée dans son œil droit, et qui procure une vague sensation d’horreur en ressortissant à la base de son front, tel la corne ensanglantée d'un diablotin chétif.
Non, la vraie raison de ce malaise, qui semblait avoir tout autant ébranlé ma jeune capitaine, était l’annonce qui hurlait et raisonnait à travers les murs depuis quelques minutes. Je pouvais voir a travers ses yeux verts légèrement bridés, à moitié cachés derrière une frange rousse noircie par la fumée et ruisselante de sueur un regard de terreur profonde et singulière.
L’attaque avait survenue si rapidement après le saut spatial que personne n’avait pris la peine de stabiliser notre générateur de distorsion Mark.9 . Ca ne pouvait signifier qu'une chose.
« Attention.
Destruction des ponts 1 à 5 imminents. Tout le personnel est prié d’évacuer vers les ponts %NULL »
Les bruits des impacts sur la coque se font de plus en plus rares jusqu'à s’effacer complètement, remplacés par le son strident du métal froissé et étiré comme du papier. Qui que soient nos bourreaux, ils savaient qu’il est déjà trop tard pour nous.
Le commandant Henrr se lève une bouteille de gnole à la main, la tend vers sa fille et lui propose d’une voix tremblante et étouffée une dernière rasade avant la fin. Répondant à l’un de ses instincts les plus primaires dans cette situation de détresse, Hivr tenta de se précipiter vers la bouteille mais perdit l’équilibre et s’allongea de tout son saoul face contre terre, enfonçant la tige d’encore un bon centimètre à l'intérieur de son crane.
Ni moi ni ma Capitaine ne prêta attention aux hurlements du pauvre bougre qui se tortillait de douleur sur le sol.
Un spectacle beaucoup plus intéressant s’était offert à nos yeux, et m’avait personnellement fait l’effet d’une gigantesque gifle.
A quelques dizaines de mètres, au milieu du hangar pris par les flammes que nous essayons de quitter, une grosse caisse métallique s’était ouverte en tombant d’un dépôt en hauteur. Des dizaines de cylindres rouges et jaunes de la taille d’un doigt s’y échappaient, et roulaient lentement sur le sol.
Un mot était couché sur le dos de la caisse. Un simple mot, qui m’apparaissait comme une promesse.
Antimatière.
(merci a tous pour vos messages , ça fait grave plaisir .)
« Attention.
- Les secteurs 1, 2 et 3 subissent une décompression de niveau IV. Les chances de survie sont de 2.38%. Merci d’emprunter les accès d’urgence.»
La voix de l’ordinateur de bord du vaisseau, d’ordinaire cristalline, venait régulièrement briser le silence morbide qui s’était imposé à bord du mastodonte qui partait peu à peu en fumée.
La navette, qui constituait notre seule chance de salut à moi et à mes compagnons d’infortune, était toujours immobilisée dans le rack de lancement principal du hangar d’ordinaire réservé aux visiteurs diplomatiques. Deux statues dorées à l’effigie du héros Caldari Tovil-Toba vacillaient et menaçaient d’écraser notre embarcation sommaire.
Quelques dizaines de mètres devant nous, l’immense sas blindé par un alliage de fer et d’acier nous empêchait de lancer l’expulsion d’urgence.
« Attention.
Détection de perturbations catastrophiques à la surface du noyau de distorsion. Une équipe de maintenance est attendue d’urgence sur le pont 17. »
A cet instant, je fus pris d’un terrible haut le cœur qui me força à m’asseoir à même le sol.
Ce n’était pas tant à cause du grand homme qui marmonnait d'une voix métallique le nombre de décès en temps réel, et qui tentait de serrer de toute ses forces l’énorme câble qui paraissait soudé à l’intérieur même de son crane, sous peine de laisser s'échapper de petites gerbes de sang et de liquide céphalo-rachidien à chaque faiblesse de son poignet .
Ce n’est pas non plus à cause de ce brave Hivr, qui à apparemment réussi à survivre malgré la fine tige de métal qui s’est enfoncée dans son œil droit, et qui procure une vague sensation d’horreur en ressortissant à la base de son front, tel la corne ensanglantée d'un diablotin chétif.
Non, la vraie raison de ce malaise, qui semblait avoir tout autant ébranlé ma jeune capitaine, était l’annonce qui hurlait et raisonnait à travers les murs depuis quelques minutes. Je pouvais voir a travers ses yeux verts légèrement bridés, à moitié cachés derrière une frange rousse noircie par la fumée et ruisselante de sueur un regard de terreur profonde et singulière.
L’attaque avait survenue si rapidement après le saut spatial que personne n’avait pris la peine de stabiliser notre générateur de distorsion Mark.9 . Ca ne pouvait signifier qu'une chose.
« Attention.
Destruction des ponts 1 à 5 imminents. Tout le personnel est prié d’évacuer vers les ponts %NULL »
Les bruits des impacts sur la coque se font de plus en plus rares jusqu'à s’effacer complètement, remplacés par le son strident du métal froissé et étiré comme du papier. Qui que soient nos bourreaux, ils savaient qu’il est déjà trop tard pour nous.
Le commandant Henrr se lève une bouteille de gnole à la main, la tend vers sa fille et lui propose d’une voix tremblante et étouffée une dernière rasade avant la fin. Répondant à l’un de ses instincts les plus primaires dans cette situation de détresse, Hivr tenta de se précipiter vers la bouteille mais perdit l’équilibre et s’allongea de tout son saoul face contre terre, enfonçant la tige d’encore un bon centimètre à l'intérieur de son crane.
Ni moi ni ma Capitaine ne prêta attention aux hurlements du pauvre bougre qui se tortillait de douleur sur le sol.
Un spectacle beaucoup plus intéressant s’était offert à nos yeux, et m’avait personnellement fait l’effet d’une gigantesque gifle.
A quelques dizaines de mètres, au milieu du hangar pris par les flammes que nous essayons de quitter, une grosse caisse métallique s’était ouverte en tombant d’un dépôt en hauteur. Des dizaines de cylindres rouges et jaunes de la taille d’un doigt s’y échappaient, et roulaient lentement sur le sol.
Un mot était couché sur le dos de la caisse. Un simple mot, qui m’apparaissait comme une promesse.
Antimatière.
(merci a tous pour vos messages , ça fait grave plaisir .)
Thorgil / Astamarr
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Re: [Mémoires]Le récit d'un voyage
Chapitre 2
Partie 1 : Commandant Kreyst Henrr
Je pousse un long soupir avant de finir d’un trait cette foutue bouteille, et manque de tout recracher. L’interdiction de l’alcool d’origine organique avait relancé l’industrie de l’alcool synthétique, et même si certains avaient un gout qui se rapprochait d’un bon whisky, cette bouteille de « Blue nebulae » me donnait l’impression de boire dans un silo d’eau lourde.
Mais le moment n’est pas vraiment aux jérémiades. Jamais, en plus de 40 ans de carrière, je n’ai été si proche de la fin. Et surtout, je n’aurais jamais imaginé mourir en même temps que ma fille.
Elle se tenait à genoux, juste à coté du jeune mécanicien que j’ai eu le malheur d’embaucher il y à a sept mois. Les deux fixaient le hangar à travers un petit hublot, avec un regard vide et un visage inexpressif. Quelques larmes mêlées a du sang coulent sur les joues de Karah, avant de s’écraser sur le sol métallique.
La voir ainsi me donne, même si chacun de mes muscles me fait horriblement mal, l’impression que mon cœur se brise en deux. Elle à le même physique, le même caractère que sa mère. Elle ne mérite pas une mort aussi cruelle que la sienne.
Je m’approche d’elle et la prends dans mes bras, et je la sens tendre tout ses muscles.
« Ne t’inquiète pas. Tout va bien se pas..
- Non... L’antimatière... »
Elle me repousse vivement, et semble partagée entre l’envie de pleurer et de me crier dessus. Nous n’avons jamais été très proches l’un de l’autre. Pas depuis la mort de sa mère. Pas après ce que j’ai fais.
Quelques secondes passent, et une fois calmée :
« Ne m’approche pas, tu pues encore plus l’alcool que d’habitude. Trouve plutôt une solution »
Elle me montre du bout du doigt la caisse du munition, renversée a quelques mètres dans le hangar.
« Laissez tomber, c’est complètement impossible », repris le mécanicien. .
Je me retourne et lui demande pourquoi.
« Les réserves d’oxygène sont pratiquement vides. En fait, le peu qu’il reste est entrain de bruler sous nos yeux. Et puis, on a même pas d’armes dans cette poubelle capable de tirer avec.. »
« Attention :
Destr…frri. Noy i… frr.. Immine… »
De rage, je cr
ache par terre et m’excuse auprès du borgne qui rampe en gémissant. Le jeune à raison, il n’y a aucun moyen d’en sortir indemne.
Sauf si...
« Toi, dis-moi. Quel est la composition et l’épaisseur de la structure à ce niveau ?
-Euhh … 10% d’iridium, 10% de graphène et 80% d’acier sur une épaisseur de 12.5 mètres. Mais rassurez moi, vous n’allez pas..»
Je fais signe à Thorgil de se taire, mais le mal est fait. Karah se précipite devant le Sas de la navette et me fixe avec des yeux furibonds
« Laisse-moi passer, ma fille. Tu sais que c’est la seule solution.
- Non ! », hurle elle en commençant à pleurer.
« Tu as toujours été un lâche ! Tu l’as abandonnée et maintenant, c’est mon tour. Je ne te laisserais pas faire… tu ne dois pas… »
Elle se tut, à bout de souffle, le visage ruisselant.
Je m’approche d’elle, la prends dans mes bras et regarde ses yeux une dernière fois. Elle ne résiste pas et se blottit contre ma poitrine.
Au bout d’une ou deux minutes, je fais signe a Thorgil de venir la tenir pour me laisser sortir. Elle tente de résister, mais la fatigue et la tristesse la privent de toute force.
« Je suis désolé », chuchotais-je a son oreille avant qu’elle s’éloigne. « Ce n’était pas ma faute. ».
Je tire avec difficulté la lourde porte qui ouvre sur le Sas de décompression. La procédure prend quelques dizaines de secondes, après quoi je déboucherais dans le hangar.
Thorgil me désigne la partie la plus sensible de la structure par haut parleur. Je ne lui réponds pas, et j’écoute une dernière fois ses gémissements que j’entends en fond sonore.
La porte s’ouvre, et le monde semble s’arrêter. L’air est irrespirable, trop rare ou trop vicié. Plusieurs fines brèches sont visibles sur les murs, et la gravité n’est plus réellement un problème.
Je prends une dernière bouffée d’air provenant du sas, et je commence à avancer en direction de la caisse en prenant soin d’éviter rigoureusement les câbles dénudés et débris en tout genre.
Après quelques mètres, la peur commence à se réveiller et mes jambes commencent à trembler. Quelque chose à traversé le sol, projetant en suspension des millions de particules de métal qui me rentrent dans les yeux et dans le nez.
Le bras mécanique n’est plus qu’a quelques centimètres. Mes poumons et mon crane sont en feu, et mon nez pisse le sang.
J’essaye de prendre une goulée d’air, mais c’est impossible. Seul un gaz piquant, probablement échappé d’un tuyau tout proche me fait tousser mes dernières particules d’air.
Peu importe, je tire la manette de contrôle, déplace le bras jusqu'à la caisse de munitions et la déplace d’un bout a l’autre du hangar en quelques seconde, exactement la ou le mécanicien me l’avait indiqué.
J’ai la tête qui tourne. Je suis fatigué. Dans un dernier effort, je tourne la tête vers la navette dans l’espoir de l’apercevoir une dernière fois.
Tout ce que j’arrive à voir, c’est le canon manuel se mettre en mouvement.
Je souris et ferme les yeux, en attendant la fin.
La détonation se fait entendre dans le lointain, et l’obscurité m’entoure.
Pour la première fois depuis 19 ans, je suis heureux.
Partie 1 : Commandant Kreyst Henrr
Sujet : Commandant K.W. Henrr
Naissance : 23285 AD (56 ans) dans le système Perimeter
Nationalité : Caldari – Par le sol.
Traits physique particuliers : Cicatrice s’étendant de l’aine gauche au genoux gauche
Cheveux synthétiques de couleur brun.
Traits mentaux particuliers : Forte probabilité d’alcoolisme.
Observations :
Le Commandant Kreyst William Henrr à été diplômé de l’université d’état de Kisogo en 23300 AD , et à reçu les distinctions suivantes :
- Commandant des flotte armée d’état
- Haut- stratège de l’empire Caldari
- Pilote confirmé de vaisseaux de classe 1-2
Emploi actuel : Commandant de flotte pour l’entreprise %MISSING_DATA%
Hauts faits : --------------CONFIDENTIEL-----------------
Merci de contacter un administrateur niveau 2
------------------------------------------------------
Note (1) : Le sujet à refusé la copie de son engramme et son transfert dans un corps propriété de l’état en 23316. Les réglementations de 23321 imposant à tout les officier d’effectuer un tel transfert, le Commandant Henrr à été démis de ses fonctions au sein de l’armée d’état.
Il conserve en revanche son grade à titre honorifique.
Note (2) : Contrat de concubinage n°7.385.017.100 signé en 233107 .
Nationalité du conjoint : Minmatarr
Numéro d’immigrant : 85.224.550.011.
Statut : décédée en 233122
Merci de ne pas oublier de prolonger votre contrat de concubinage en fonction des tarifs réglementaires.
Note (3) : Enfant « K.C. henrr », née en 233110
Double nationalité Caldari-Minmatarr par le sang.
Système de naissance inconnu.
Caldari central bank of knownledge -lvl 5 acces- , "K.W.henrr log"
Je pousse un long soupir avant de finir d’un trait cette foutue bouteille, et manque de tout recracher. L’interdiction de l’alcool d’origine organique avait relancé l’industrie de l’alcool synthétique, et même si certains avaient un gout qui se rapprochait d’un bon whisky, cette bouteille de « Blue nebulae » me donnait l’impression de boire dans un silo d’eau lourde.
Mais le moment n’est pas vraiment aux jérémiades. Jamais, en plus de 40 ans de carrière, je n’ai été si proche de la fin. Et surtout, je n’aurais jamais imaginé mourir en même temps que ma fille.
Elle se tenait à genoux, juste à coté du jeune mécanicien que j’ai eu le malheur d’embaucher il y à a sept mois. Les deux fixaient le hangar à travers un petit hublot, avec un regard vide et un visage inexpressif. Quelques larmes mêlées a du sang coulent sur les joues de Karah, avant de s’écraser sur le sol métallique.
La voir ainsi me donne, même si chacun de mes muscles me fait horriblement mal, l’impression que mon cœur se brise en deux. Elle à le même physique, le même caractère que sa mère. Elle ne mérite pas une mort aussi cruelle que la sienne.
Je m’approche d’elle et la prends dans mes bras, et je la sens tendre tout ses muscles.
« Ne t’inquiète pas. Tout va bien se pas..
- Non... L’antimatière... »
Elle me repousse vivement, et semble partagée entre l’envie de pleurer et de me crier dessus. Nous n’avons jamais été très proches l’un de l’autre. Pas depuis la mort de sa mère. Pas après ce que j’ai fais.
Quelques secondes passent, et une fois calmée :
« Ne m’approche pas, tu pues encore plus l’alcool que d’habitude. Trouve plutôt une solution »
Elle me montre du bout du doigt la caisse du munition, renversée a quelques mètres dans le hangar.
« Laissez tomber, c’est complètement impossible », repris le mécanicien. .
Je me retourne et lui demande pourquoi.
« Les réserves d’oxygène sont pratiquement vides. En fait, le peu qu’il reste est entrain de bruler sous nos yeux. Et puis, on a même pas d’armes dans cette poubelle capable de tirer avec.. »
« Attention :
Destr…frri. Noy i… frr.. Immine… »
De rage, je cr
ache par terre et m’excuse auprès du borgne qui rampe en gémissant. Le jeune à raison, il n’y a aucun moyen d’en sortir indemne.
Sauf si...
« Toi, dis-moi. Quel est la composition et l’épaisseur de la structure à ce niveau ?
-Euhh … 10% d’iridium, 10% de graphène et 80% d’acier sur une épaisseur de 12.5 mètres. Mais rassurez moi, vous n’allez pas..»
Je fais signe à Thorgil de se taire, mais le mal est fait. Karah se précipite devant le Sas de la navette et me fixe avec des yeux furibonds
« Laisse-moi passer, ma fille. Tu sais que c’est la seule solution.
- Non ! », hurle elle en commençant à pleurer.
« Tu as toujours été un lâche ! Tu l’as abandonnée et maintenant, c’est mon tour. Je ne te laisserais pas faire… tu ne dois pas… »
Elle se tut, à bout de souffle, le visage ruisselant.
Je m’approche d’elle, la prends dans mes bras et regarde ses yeux une dernière fois. Elle ne résiste pas et se blottit contre ma poitrine.
Au bout d’une ou deux minutes, je fais signe a Thorgil de venir la tenir pour me laisser sortir. Elle tente de résister, mais la fatigue et la tristesse la privent de toute force.
« Je suis désolé », chuchotais-je a son oreille avant qu’elle s’éloigne. « Ce n’était pas ma faute. ».
Je tire avec difficulté la lourde porte qui ouvre sur le Sas de décompression. La procédure prend quelques dizaines de secondes, après quoi je déboucherais dans le hangar.
Thorgil me désigne la partie la plus sensible de la structure par haut parleur. Je ne lui réponds pas, et j’écoute une dernière fois ses gémissements que j’entends en fond sonore.
La porte s’ouvre, et le monde semble s’arrêter. L’air est irrespirable, trop rare ou trop vicié. Plusieurs fines brèches sont visibles sur les murs, et la gravité n’est plus réellement un problème.
Je prends une dernière bouffée d’air provenant du sas, et je commence à avancer en direction de la caisse en prenant soin d’éviter rigoureusement les câbles dénudés et débris en tout genre.
Après quelques mètres, la peur commence à se réveiller et mes jambes commencent à trembler. Quelque chose à traversé le sol, projetant en suspension des millions de particules de métal qui me rentrent dans les yeux et dans le nez.
Le bras mécanique n’est plus qu’a quelques centimètres. Mes poumons et mon crane sont en feu, et mon nez pisse le sang.
J’essaye de prendre une goulée d’air, mais c’est impossible. Seul un gaz piquant, probablement échappé d’un tuyau tout proche me fait tousser mes dernières particules d’air.
Peu importe, je tire la manette de contrôle, déplace le bras jusqu'à la caisse de munitions et la déplace d’un bout a l’autre du hangar en quelques seconde, exactement la ou le mécanicien me l’avait indiqué.
J’ai la tête qui tourne. Je suis fatigué. Dans un dernier effort, je tourne la tête vers la navette dans l’espoir de l’apercevoir une dernière fois.
Tout ce que j’arrive à voir, c’est le canon manuel se mettre en mouvement.
Je souris et ferme les yeux, en attendant la fin.
La détonation se fait entendre dans le lointain, et l’obscurité m’entoure.
Pour la première fois depuis 19 ans, je suis heureux.
Dernière modification par thorgil le 11 juillet 2012, 14:13, modifié 1 fois.
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